@Céline-Vautey

Lyon / Turin : « Oui et vite ! »

Publié le 06/06/2023

36 communes de la métropole apportent leur soutien au projet franco-italien, appelant l’Etat à engager sans plus attendre le chantier des accès nationaux au tunnel. Les maires du Grand Lyon ont ciblé l’exécutif métropolitain.

36 communes sur les 59 de la métropole soutiennent le Lyon-Turin, prévu pour être inauguré en 2032. A l’occasion d’une conférence de presse le 6 juin, plusieurs maires ont fait démonstration de leur mobilisation, alors que le président de la Métropole est opposé à cette réalisation. « Le Lyon-Turin, c’est oui et vite ! », clament-ils. Selon Gilles Gascon, édile de Saint-Priest, bien que non représentées ce jour-là, les municipalités de Villeurbanne et Vaulx-en-Velin appuierait aussi le projet – le groupe socialiste métropolitain l’ayant fait savoir – voire également celle de Vénissieux. Pour le San-Priot, l’ouvrage est « à la croisée des chemins », le Gouvernement français devant bientôt rendre sa décision sur les accès français au tube transfrontalier.

Un « Dijon-Turin » ? 

Le sujet est d’importance. Des infrastructures de part et d’autre doivent être réalisées. L’Italie s’y emploie, avec un objectif de pouvoir faire transiter 25 millions de tonnes de marchandises en 2032. Côté français, la ligne actuelle de Modane ne permet d’acheminer que trois tonnes. Trois tracés sont sur la table, pour un coût de 5 à 6,7 milliards, avec en perspective un cofinancement par l’Union européenne pour moitié. Le ministère des transports semblaient vouloir s’engager quand le conseil d’orientation d’infrastructures a suggéré de repousser cet horizon après 2040, doutant des coûts et des délais du tube binational. Une alternative est avancée : la modernisation la ligne existante pour 600 millions d’euros. « La ligne Lyon-Turin se transformerait en Dijon-Turin », en déduit Gilles Gascon.

« Décarboner le transport »

Plutôt que de cibler l’Etat qui tergiverse, les uns et les autres s’en sont pris à l’exécutif métropolitain, rappelant que les Verts étaient les initiateurs du projet avant de tourner casaque en 2012, sous l’influence de leurs homologues italiens. « On voit bien qu’ils sont dans une logique de décroissance », a sifflé Véronique Sarselli, maire de Sainte-Foy. Murielle Laurent (Feyzin) a avancé les arguments écologistes. « Un des objectifs est de décarboner fortement le transport des voyageurs et des marchandises », a-t-elle développé, rappelant que sur les 47 millions de tonnes qui avaient franchi la frontière l’an dernier, seuls 7% avaient utilisé le rail. « Si ça ne se fait pas, on va plonger l’agglomération lyonnaise dans l’obscurité pour des décennies », a hanté Philippe Cochet (Caluire).

Des trains de chlore à Confluence

La dernière prise de parole fut celle d’Etienne Blanc, sénateur, ex-vice-président du conseil régional et ex-maire de Divonne, historiquement impliqué dans le dossier. Pour lui, le fret ferroviaire est indispensable pour soulager les vallées de l’Arve, de la Maurienne et l’est lyonnais. Il a évoqué des trains de chlore qui traversent de nuit la Confluence. « Aucune métropole européenne ne subit cela », a-t-il affirmé. Il a rappelé l’urgence de concrétiser le contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise (CFAL). Au diapason, cette fois, de l’exécutif métropolitain.