L’Ouest lyonnais se mobilise pour le métro E
Publié le 20/05/2021
Les maires de l’ouest font front commun pour défendre un mode de transport lourd desservant leur territoire. Ils anticipent un renoncement futur du Sytral.
On s’en souvient, le métro E est né du cerveau de Gérard Collomb, quelques mois avant les municipales de 2014. Les maires de l’ouest l’avaient découvert dans les journaux. Mais il faut croire qu’ils se sont depuis faits à l’idée… Alors que le Sytral, présidé par Bruno Bernard (EELV), met le projet en balance avec d’autres prolongements de ligne (notamment la B vers Rillieux et la A vers Meyzieu), organisant un grand débat à l’automne, ils sont montés au créneau ce jeudi, par une conférence de presse devant l’hôtel de ville de Tassin. « Nous ne baissons pas les bras », a lancé Pascal Charmot, maire de la commune. Si la desserte de l’ouest est concernée, il a rappelé qu’était en jeu, « à long terme », la traversée ouest-est de l’agglomération.
« On fait quoi à part du vélo ? »
« Le Sytral a déjà dépensé 8 millions pour les études et 1,5 million pour la concertation (réalisée en 2019, suscitant alors une adhésion au projet, ndlr) », a fait valoir Michel Rantonnet, maire de Francheville. « L’Etat a abandonné le contournement ouest de Lyon, la Métropole a renoncé à l’Anneau des Sciences, le nœud ferroviaire laisse à quai à Tassin. On fait quoi à part du vélo ? », a-t-il embrayé. « Nous avons besoin de transport de masse. La question du report modal est centrale », a répondu Véronique Sarselli, maire de Sainte-Foy. Le maire de Saint-Genis les Ollières, Didier Cretenet, estime que « c’est le territoire de la métropole qui subit le plus les voitures », soulignant que la station de métro le plus à l’ouest de l’agglomération était Gorge de Loup, située « en intramuros ».
Le télécabine de la discorde
S’ils sont en phase pour défendre cette ligne E, les uns et les autres s’opposent sur le projet de télécabine Francheville-Lyon, poussé par le Sytral. Michel Rantonnet a assumé son soutien du bout des lèvres. « Le métro E est la seule solution pour déplacer plus de 50 000 voyageurs/jour, le transport aérien 10 000. Si la Métropole veut rattraper le retard pris, le métro E est la colonne vertébrale, le transport aérien ne peut être qu’une vertèbre. L’objectif, c’est le métro E », a-t-il affirmé. A ses côtés, Véronique Sarselli ourdit une opposition frontale au téléphérique.
Métro E ou métro B ?
L’autre clivage concerne les différents projets de métro, tous prévus dans des communes estampillées Les Républicains. « Mettre en concurrence les territoires, c’est ce que je ne veux pas. C’est un piège politique », a grondé Pascal Charmot. Conscient du risque, Philippe Cochet, maire de Caluire était là, lui qui défend le prolongement du métro B. « Nous avons besoin d’une vision métropolitaine. Il faut un plan Marshall. N’opposons pas le métro E au métro B. Ayons une vision globale », a-t-il dit. Questionné sur le phasage de ces projets, il a botté en touche, lançant « aujourd’hui, c’est fromage et dessert ». Il était midi trente…
Mis à jour le 22 mai
Le lendemain, vendredi 21 mai, c’était au tour de Yann Cucherat, tête de liste des listes Collomb aux municipales de 2020, de mobiliser autour du métro E. L’élu voit dans la volonté de Sytral de réaliser la télécabine Francheville/Lyon une menace à cette ligne. « Il n’y aura pas à la fois un téléphérique et le métro E », dit-il, d’autant que le syndicat de transport ambitionne de réaliser aussi un tramway entre la Part-Dieu et Bellecour, fonction qui pourrait être assignée à ce métro E s’il était prolongé à l’est. Le débat à venir sur les futurs projets de métro cache selon lui « une façon non assumée de retirer » la ligne E. « Tous les projets sont importants, estime Yann Cucherat. Il faut les faire. Mais ce projet est le plus avancé, il est en phase pré-opérationnelle car la concertation et les études ont été déjà faites ». L’élu est impliqué dans le collectif « un métro E pour 2030 ». A noter qu’une pétition en ligne circule aussi en faveur du projet.
« Le projet du métro E n’est pas abandonné » Dans un communiqué, le Sytral exprime la volonté d’une « priorisation d’un ou plusieurs projets ». Le président, Bruno Bernard, explique qu’« il s’agit d’investissements de plusieurs milliards d’euros qui engagent sur 20 ans et qui nécessitent un débat serein ». « Nous en avons besoin pour dégager un consensus et trouver les financements nécessaires », argue-t-il. Cette consultation qui se tiendra à l’automne pendant trois mois comparera les coûts et bénéfices de quatre projets « identifiés comme étant les plus pertinents à déployer d’ici 2030 parmi lesquels figure la ligne E », le prolongement du métro B vers Rillieux, celui du métro A vers Meyzieu et celui du métro D vers la Duchère. A ce stade, « le projet de métro E n’est pas abandonné », réaffirme le Sytral. |
Commentaires
Commentaires sur L’Ouest lyonnais se mobilise pour le métro E
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Article « L’Ouest lyonnais se mobilise pour le métro E »
On remarquera que la ligne, sur la carte derrière les élus, s’arrête à Bellecour.
Une forte proportion des citoyens ont réclamé la poursuite du projet vers la Part Dieu, mais ces messieurs dames n’en ont rien à faire, ce qui les intéresse c’est juste de tacler les gens qui les ont battus aux élections métropolitaines 2020.
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Si on superpose une carte de la Métropole et une carte du réseau TCL, et en particulier des modes « lourds », à savoir métro et tramway, on ne peut que constater le déséquilibre flagrant entre Est et Ouest. A l’Est, métro A, B, D, tramways 1,2,3,4,5,6,7,et bientôt 9 et 10. Stop ! Qui a habité sur le plateau (moi, pendant 20 ans) , ne peut que fustiger ces bus lents, englués dans la circulation automobile, inconfortables, irréguliers, empruntant des voiries inadaptées… Un quart de l’agglomération est privé de ce transport fiable, confortable, régulier qu’est le métro. Il n’y a pas de débat idéologique à avoir, il s’agit de justice au quotidien pour des habitants contraints. Si on ajoute à cela que le projet est déjà bien avancé, que les études engagées permettent à ce jour de ne pas partir de zéro, que le Sytral va gaspiller les sommes déjà engagées, et se tourner vers un projet qui va massacrer un paysage classé Unesco avec ses câbles, ses pylônes, ses stations dont on n’ose pas encore présenter la taille et l’insertion paysagère, sans parler de l’impact sur les riverains, je trouve l’attitude des nouveaux élus particulièrement inconséquente. Et mettre, comme ils le font, tous les projets dans un seule et même sac, relève de l’hypocrisie : il y a des secteurs prioritaires, qui nécessitent d’être desservis avant les autres, parce que la géographie, la topographie, les distances, et l’état actuel des dessertes existantes l’exigent. Plus de périphérique, aucune voirie vraiment pratique, et maintenant pas de projet de métro. Nos nouveaux élus savent-ils que tous les habitants de la Métropole ne se déplacent pas en vélo ? Savent-ils que le meilleur moyen de faire baisser le nombre d’entrées des véhicules, c’est le métro ? Savent-ils que la Zone de faible émission dont ils rêvent va priver de nombreux automobilistes de leur véhicule devenu indésirable en centre ville ?
D’autre part, il ne s’agit pas de parler seulement de la « desserte du plateau du 5° », comme si on voulait réduire ce projet à une ligne de quartier ! Le vrai projet, c’est Part-Dieu-Craponne, avec stations à Bellecour, Saint-Irénée, Point-du-Jour, Ménival, Tassin-Libération, Tassin-Alaï, et Craponne, afin de reculer le plus possible le point d’entrée des voitures, ce qui suppose, comme cela a été fait pour toute autre ligne de métro, des rabattements intelligents et réguliers en bus, ainsi que des parcs de stationnement correctement dimensionnés.
Cette consultation (qui supprime d’un trait de plume celle qui a eu lieu précédemment ?) est une insulte à tous ces voyageurs qui n’ont d’autre choix que le bus, le bus, encore le bus, alors que d’autres bénéficient, depuis des années, du confort, de la régularité, de la fiabilité, du métro et du tramway.
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