Le pont de l’Ile Barbe fermé au trafic auto jusqu’en 2027

Publié le 06/05/2021

L’ouvrage est promis à une réhabilitation. D’ici là, il est trop fragile pour supporter une circulation automobile. Seuls les habitants de l’ile pourront l’emprunter pour regagner la rive droite de la Saône.

Le spectre de Gênes plane décidément sur l’agglomération lyonnaise. Après la décision de passer en sens unique le pont de Vernaison, après la fermeture de celui de Couzon à la suite de la traversée d’une bétonneuse de 32 tonnes (il est fermé aux plus de 3,5 tonnes), c’est celui de l’ile Barbe qui mobilise les autorités et, en particulier, la Métropole. « Eviter à tout prix une catastrophe ». C’est le mantra de Fabien Bagnon, vice-président en charge de la voirie, pour justifier l’interdiction de la circulation automobile, mesure effective depuis novembre dernier et appelée à durer. A l’occasion d’une réunion publique ce mardi, l’élu a aussi tracé des perspectives.

« A bout de souffle »

Voici le plus vieux pont suspendu de Lyon, érigé entre 1828. Fruit de cette histoire, il est sous-dimensionné, large de seulement 5,40 mètres (4,70 mètres pour la chaussée). « Il n’est pas conçu pour des charges trop lourdes », a expliqué une technicienne de la collectivité. L’équipement est surveillé depuis les années 80. Il est frappé de corrosion. En hiver, les fils peuvent rompre – il en existe heureusement plusieurs centaines pour chaque câble. C’est pour cette raison que les culées et la pile sont chauffées par grand frimât. Plusieurs travaux conservatoires ont été menés entre 2018 et 2020, pour le maintenir à flot. Mais « l’ouvrage est à bout de souffle, la seule solution qu’on a, c’est de le reconstruire », selon l’experte.

Il restera donc fermé à la circulation de transit, ouvert aux modes doux et aux seuls riverains (une dizaine de foyers peuplent l’ile) sur sa portion ouest (vers Lyon 9e). Et ce jusqu’à sa réhabilitation complète… en 2027. Le temps nécessaire aux études et aux deux ans de travaux. Une opération sous la surveillance des Architectes des bâtiments de France qui vont imposer de conserver le principe d’un pont suspendu, sa largeur actuelle et la pile centrale (en pierre de Villebois de Couzon). « Il faudra qu’on garde la carte postale » du site, a résumé une spécialiste du Grand Lyon. Une crainte exprimée par certains participants : que le futur pont soit réservé aux modes doux. C’est le sens de l’intervention de Philippe Cochet, maire de Caluire, sensible à la situation de ses administrés habitant en rive de Saône, qui se trouvent au milieu des 5 km séparant les deux autres ponts (Couzon et Schuman).

Report sur Collonges

Le transitoire devrait donc durer 6 ans. D’ordinaire, 4600 véhicules/jour traversent l’ile Barbe, notamment depuis les monts d’Or vers Caluire et Lyon 4e. Selon les services de la Métropole, l’essentiel du trafic s’est reporté sur le pont Bocuse (Collonges), peu ou pas vers le pont Schuman « déjà saturé ». Côté 9^e, le circulation a été divisée par deux, aux heures de pointe, sur la rue de Saint-Rambert. De l’autre côté, les Caluirard se plaignent, tout comme leur édile, du trafic supplémentaire sur la montée du Vernay (en face du pont Bocuse), même si les services du Grand Lyon n’ont pas enregistré de hausses significative (+3%). La réunion publique a aussi été l’occasion de stigmatiser la mauvaise desserte du quartier par les transports en commun.