Michel Noir : « Le métro jusqu’au plateau de Rillieux »
Publié le 10/04/2020
Pour l’ex-maire de Lyon, la “priorité des priorités” du prochain président de la Métropole doit être l’humain, en particulier via l’école. Il défend par ailleurs le développement du métro en première et deuxième couronnes.
Nouveau Lyon : Vous avez porté le développement du métro à Lyon. Que pensez-vous du projet de ligne E entre Alaï et la Part-Dieu ?
Michel Noir : La logique de la séparation des flux, elle s’accompagne d’une deuxième logique de prise en compte de la première et de la deuxième couronnes. On l’avait appelé dans le plan de développement des déplacements urbains “schéma poids et altères”. Au bout de chaque barre, vous avez dix ou quinze kilos. Si vous mettez à Vénissieux ou Gorgede-Loup un pôle multimodal, vous avez là une incitation forte à choisir le métro, parce que vous allez gagner du temps et économiser de l’essence. Les lignes structurantes doivent être des lignes de métro. La ligne D, c’est 250000 ou 280000 voyageurs par jour, un tramway c’est 60000… Cette ligne E, si la géologie le permet, pourquoi pas ? Mais il serait stupide qu’elle s’arrête à la Part-Dieu.
Il faut continuer à l’est ?
Bien sûr.
Certains disent “jusqu’à l’aéroport”…
L’aéroport, il est au milieu d’une zone peu peuplée. Utiliser un moyen à 250 000 voyageurs/jour pour aller à l’aéroport, je ne sais pas si ce serait raisonnable.
Y a-t-il d’autres prolongements de ligne que vous auriez voulu voir aboutir ?
Si vous reprenez le schéma à vingt ans qu’on avait construit en 1990, le métro allait à Oullins et aux hôpitaux sud ; au nord, il allait jusque sur le plateau de Rillieux. La meilleure façon pour résoudre la question de pollution des voitures, c’est de faire en sorte qu’il y ait une offre nettement plus intéressante en transports en commun. Quand je suis à Paris, je ne me déplace jamais en voiture ou en taxi, je prends le métro. Dans notre schéma, la ligne A continuait à la Confluence jusqu’à rejoindre Gerland, pour une interconnexion avec le métro B.
Regrettez-vous les lignes de tramway ou pensez-vous que certaines sont utiles ?
Il y a sûrement une utilité à certaines. Mais celles qui doublonnent les lignes de métro, je n’en comprends pas bien l’utilité.
Vous pensez au T1, qui va à la Doua ?
Oui. Il y a le métro.
Vous n’auriez pas fait de tramway ?
Il faut faire le choix des lignes structurantes à haut débit qui résout la question de la première et de la deuxième couronnes. C’est une question d’équité sociale. Si sur telle ou telle portion un bout de tramway est possible, pourquoi pas, sous réserve que ce soit cohérent. Il n’y a pas beaucoup d’agglomérations qui ont les trois technologies en même temps : métro, tramway et bus.
Je vous ai entendu sur Jazz Radio dire que vous trouviez le Sytral “très mauvais gestionnaire”…
Je critique fortement la gestion du Sytral. Je regarde la réalité des chiffres. Je me suis plongé dans les dossiers pour m’apercevoir qu’ils font, les meilleures années, 300 millions investissement. Ce n’est pas du tout à la hauteur des besoins. Surtout qu’il n’y a pas cette stratégie financière d’aller chercher l’endettement le plus long possible pour diminuer la charge de la dette. Et il est tout à fait possible d’emprunter sur des durées longues. J’ai vu d’ailleurs qu’un candidat – le patron de Sciences Po [Renaud Payre, ndlr] – faisait les mêmes analyses. Il y a aujourd’hui besoin d’un plan sur douze ans de l’ordre de dix milliards d’euros.
C’est beaucoup !
Autour d’un milliard par an, c’est le minimum. Il faut savoir ce que l’on veut. On ne résout pas la question de la pollution à Lyon par la seule bicyclette. Ceux qui peuvent faire du vélo, il faut qu’ils le puissent en bonne sécurité et il est justifié de multiplier les couloirs réservés. Mais on ne va pas demander à ma femme ou moi de faire du vélo ; je serais sans doute un danger public. Je récuse cette conception idéologique d’exclusion de tous ceux qui ne peuvent pas se passer d’une voiture. Il faut qu’il y ait une offre de transport en commun qui soit satisfaisante. Et là, vous changez complètement la donne. En plus, il doit y avoir plus de mille bus en circulation ; si vous les basculez en énergie propre, vous allez avoir un effet plus important sur la qualité de l’air.
Ses critiques sur Gérard Collomb, son regard sur l’Hôtel-Dieu, la Part-Dieu et la Confluence, son admiration pour Jean-Michel Aulas… : retrouver l’intégralité de l’entretien dans le dernier numéro de Nouveau Lyon en vente chez votre marchand de journaux.
Commentaires
Commentaires sur Michel Noir : « Le métro jusqu’au plateau de Rillieux »
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Il a été l’initiateur du plan lumière. Evidemment qu’il serait utile et logique de reprendre l’extension de la ligne C vers Rillieux au moins jusqu’à Montessuy,. Quitte à la longer par un piste cyclable et piétonne pour remplacer la voie verte à visée démagogie
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Article : Michel Noir : « Le métro jusqu’au plateau de Rillieux »
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Il a peut être raison, mais tant que les élus et des habitants de Caluire refuseront son passage en surface sur la voie des Dombes, le métro C n’ira pas au delà de Cuire.
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Pour les autres options que défend Michel Noir (des métros en veux-tu, en voilà, comme le E « plus à l’Est » , le A prolongé à Gerland), prétendu inutilité des tramways, ne pas trop favoriser le vélo [ « si lui en faisait à 75 ans, il serait un danger public » ], et bouclage de l’anneau des sciences (voir l’édition papier), elles montrent qu’il n’a pas vraiment compris qu’on n’est plus en 1990/95.
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