Presqu’île : la grande piétonnisation attendra

Publié le 05/07/2022

La première réunion publique a eu lieu ce lundi. Ville et métropole se gardent bien d’abattre leurs cartes, laissant sous-entendre que des aménagements rapides pourraient été réalisés en certains points mais que la refonte de l’espace public prendra du temps.

Neuf zones d’intervention, quatre secteurs d’études, deux scénarios pour les transports en commun : c’est peu dire que la concertation engagée jusqu’au 30 octobre pour l’apaisement de la Presqu’île ne s’impose pas par sa clarté. La réunion publique d’ouverture qui s’est déroulée ce lundi soir, n’a pas permis de lever le voile sur les intentions des élus, municipaux et métropolitains. D’autant qu’elle succède aux consultations liées au réaménagement futur de la rive droite du Rhône – deux projets nécessairement liés. Une certitude : le périmètre de réflexion court de la place Carnot au boulevard de la Croix-Rousse. Une habitante de la Confluence l’a d’ailleurs regretté, qui « aimerait être apaisée ».

On comprend qu’il n’y aura pas une réponse globale d’apporté, que des solutions différentes seront avancées selon la rue ou le sous-secteur. Est-ce une volonté de réduire la facture globale de la requalification de l’espace public ? Ou une façon de désamorcer une éventuelle fronde habitante ou commerçante ? Ou  Comme l’a aussi souligné un participant, le terme de « piétonnisation » n’est pas prononcé. « Il ne faut pas que la Presqu’île devienne une réserve », a prévenu François Royer, adjoint à la voirie à la mairie du 2e arrondissement pour qui « l’équilibre dans une ville est fragile ». « Nous voulons une Presqu’île apaisée et prospère, pas une Presqu’île désertée », a recadré Camille Augey, adjointe au commerce. L’élue a assuré que la logistique continuerait d’être assurée, tout comme les interventions des artisans ou des aides à domicile.

Des aménagements transitoires

Le maire, Grégory Doucet, a listé les problèmes à régler : un sol minéral propice aux ilots de chaleur, une faible végétalisation, des conflits d’usage entre les différents modes de transport. Vice-président à la voirie, Fabien Bagnon a précisé que « des gains rapides » pourraient être obtenus, par des plantations ou des expériences d’apaisement, en 2023 ou 2024, et qu’une « refonte globale » serait définie, avec une concrétisation d’ici à 2030. « Il faut s’inscrire sur un temps long », a prévenu Laurence Boffet, vice-présidente métropolitaine à la participation. On comprend que les élus vont tester des options et faire une large place à l’urbanisme transitoire. Trois types d’aménagements ont été schématiquement présentés : l’aire piétonne qui peut toutefois autoriser le passage de livraisons ou de riverains « à certaines heures », la zone de trafic limité avant une liste d’ayant-droit et des contrôles d’accès (notamment des bornes) et la modification du plan de circulation pour dissuader le trafic de transit, sur le modèle des superblocs de Barcelone. Certaines interventions ont déjà eu lieu comme la fermeture de la rue des Capucins ou de la montée Saint-Sébastien. L’installation d’une borne sur la rue Puits-Gaillot a été annoncée.

Les bus exclus des Terreaux ?

Cet apaisement ne cible pas seulement les voitures. Les bus sont aussi dans le collimateur, générateurs de nuisance au voisinage de l’Hôtel de Ville et de la place des Terreaux. D’où deux scénarios : un découplement des sens de circulation avec un passage par la rue du président Herriot et rue du Bas d’Argent pour la redescente nord-sud, ou, plus radicalement, une redirection des lignes par la rue de Grenette – qui ne serait plus empruntée par les voitures – et les quais de Saône. On perçoit que cette option a les faveurs de la Ville qui en présente les bénéfices : les rues de la République (section nord) et Serlin seraient complètement piétonnes, tandis que la place des Cordeliers se débarrasserait de toute auto (voir ci-dessous). Réagissant à ces propositions, Yves Gascoin, président des Droits du piéton, soutient le réaménagement de la section nord de la rue de la République sur le modèle de la partie sud (Bellecour/Cordelier), sans bus, où les livraisons sont permises le matin. Un autre a fait remarquer que la correspondance du C3 avec le métro C (Croix-Rousse) à Hôtel de Ville serait cependant dégradée.

Pollution sonore

Les échanges ont permis d’aborder des sujets connexes. Comme la faible végétalisation de la place des Jacobins, refaite il n‘y a pas si longtemps. La mise en place des urinoirs a été applaudie, répondant à un besoin, notamment des seniors. « Le projet n’est pas assez ambitieux », a jugé Bertrand Guyot, commerçant. « Ce sont les habitants Rhône-Alpins qui vont vivre les commerces de centre-ville », a-t-il souligné. Lui soutient la piétonnisation, mais plaide pour de nouveaux parkings souterrains en rive droite du Rhône – ce que la municipalité se refuse de faire. Il déplore les incivilités du quotidien. La pollution sonore, notamment de scooters et motos, a été décriée. « C’est un travail de longue haleine », a reconnu Valentin Lungenstrass, adjoint aux espaces publics, qui incrimine notamment les livraisons de repas à domicile. Une jeune habitante a témoigné de l’aggravation du harcèlement de rue.

Pour participer à la concertation, cliquer ici

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