Covid : quels effets sur l’immobilier de bureau ?

Publié le 08/03/2022

En donnant un coup de boost au télétravail, la pandémie a bouleversé l’organisation des entreprises et le management. Témoignages.

Le Covid nous a-t-il fait changer d’ère ? Nous n’avons sans doute pas fini de percevoir toutes les répercussions de la crise sanitaire sur l’immobilier de bureau. Ce mardi, plusieurs professionnels partageaient leurs constats, à l’occasion d’une conférence thématique organisée par Brice Robert Arthur Loyd. Pour Olivier de la Clergerie, directeur général de LDLC, ces deux dernières années auront agi comme un « coup d’accélérateur » de tendances déjà à l’œuvre, convoquant une image : « on touchait l’eau du bout des pieds ». Celle-ci arrive désormais à hauteur de genoux, notamment pour le télétravail.

« L’innovation managériale »

Dans son groupe, seuls deux jours de présence hebdomadaires en entreprise sont imposés. Le travail, désormais, s’organise dans « des temps et des lieux différents », relève Jean-Christophe Antoine, président d’Atland Voisin. Voici qui oblige à de « l’innovation managériale », les directeurs et chefs d’équipe, à distance, devenant « des animateurs, des facilitateurs », selon Thierry Picq, professeur à l’EM Lyon. Une évolution qui conduit à « moins de contrôle, plus de confiance ». Et aussi, pas mal de « lâcher prise », comme le reconnait Olivier de la Clergerie.

Directrice régionale du cabinet Fidal, Marie du Gardin, avocate, a un regard négatif sur l’expérience du premier confinement, ayant été témoin de « la détresse voire la dépression de personnes qui n’arrivaient pas à gérer leur solitude ». D’où ces réserves qui persistent. Le télétravail est possible dans son cabinet, un ou deux jours par semaine. Elle perçoit l’importance de donner « de sens, de la convivialité, un sentiment d’appartenance » aux équipes. « Les entreprises qui ont du mal à faire revenir leurs salariés (après les périodes de confinement, ndlr) ont perdu leur sens du collectif », abonde Jean-Christophe Antoine, visant les grands groupes.

Baisse des surfaces

En dépit du télétravail, Olivier de la Clergerie n’a pas cherché à faire des économies : chaque salarié dispose de son bureau attitré. Chez Fidal, ils ont même tous un bureau fermé. Une nécessité « pour se concentrer » et assurer la confidentialité des échange avec les clients. Ce n’est pas la tendance générale, qui va à la réduction des surfaces. Une baisse des besoins des entreprises que Jean-Christophe Antoine évalue à 20%. Voici qui provoque une hausse de la vacance (la Seine Saint-Denis et la Défense étant particulièrement touchées, selon lui) et des baisses de loyers. Les gains sur les postes individuels de travail sont compensés par une attention portée aux surfaces partagées. La machine à café, lieu d’échanges informels, est par exemple réhabilitée. Il en va de la capacité de l’entreprise à attirer des talents. « Donner de beaux dossiers et de belles rémunérations ne suffit plus », constate Marie du Gardin. Comme pour l’immobilier résidentiel, s’exprime une demande d’extérieurs, terrasses, jardins ou rooftops. Il est aussi question d’espaces récréatifs. Chez LDLC, les personnels disposent d’un toit arboré, d’une salle de sport et même de deux pistes de bowling. Salariés et entreprises sont aussi attentifs aux services « au sein ou autour des immeubles » (commerces, restaurants, conciergerie…), conformément à la vision d’une ville « du quart d’heure ». Loin d’une logique multipolaire poussée par les élus lyonnais, Jean-Christophe Antoine perçoit de ce fait « le retour à une certaine centralité », d’autant que le temps de transport entre le domicile et le lieu de travail est aussi regardé. « La périphérie va devoir se réinventer », en déduit l’expert.

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