Guillotière : le plan de Grégory Doucet, la cacophonie habitante

Publié le 30/06/2021

Le maire de Lyon a présenté un panel de mesures « pour mieux vivre ensemble place du Pont ». De la répression à l’insertion en passant par une intervention sur l’urbanisme.

Le maire présente depuis une demi-heure son plan de reconquête de la place Gabriel Péri quand une voix dévale des gradins supérieurs. « C’est invivable ici, c’est la guerre », s’époumone un commerçant, courroucé de la dégradation de la sécurité. Il est chaudement applaudi, Grégory Doucet hué quand il reprend la parole. « La première chose à faire, c’est d’évacuer la place », abondera un autre.

Quelques instants plus tard, la fronde viend d’en bas. Une femme, cette fois, qu’on n’entend pas bien. Elle réinterviendra plus tard. « On dit que c’est un quartier multiculturel, on en voit pas beaucoup la couleur », gronde-t-elle, stigmatisant une assemblée pas assez diverse. Tonnerre d’applaudissements pour elle aussi (sans doute pas les mêmes). Elle accuserait presque l’édile d’être raciste, s’il n’était pas Vert, dit-elle en substance. Elle (ou une autre) lui reproche de vouloir « dégager » les pauvres, de soutenir « la répression » et « la gentrification » du quartier. Ainsi va la participation habitante…

Renfort de police demandé

Après six mois d’ateliers thématiques, la municipalité présentait ce mercredi un premier plan d’actions à l’occasion d’une réunion publique. « Je sais la violence, le bruit, les nuisances, la peur, la fatalisme », scande le maire, dès les premières minutes. « Tout ce cela n’est pas nouveau », fait-il observer, voyant dans ces difficultés « un héritage ».  Soucieux de ne pas apparaître laxiste, il évoque les 300 policiers nationaux promis par le ministère de l’Intérieur pour la zone Lyon, s’engage sur une hausse des agents municipaux. « Je prévois de demander un renfort supplémentaire dans le cadre d’un contrat de sécurité intégrée », renchérit-il.

Dans le même temps, Le Vert vante cette place, « carrefour historique de Lyon (…) qui symbolise l’accueil, l’hospitalité lyonnaise, forte de sa multiculturalité ». Il annonce un accompagnement social des vendeurs à la sauvette par le CCAS pour une formation ou la légalisation de leur activité quand c’est possible. La municipalité est en quête d’un lieu pas trop éloigné pour une activité de brocante. A destination des jeunes (notamment migrants) est prévue une maison des services publics (avec lutte contre les addictions). A destination des habitants, une maison du projet dans l’ancien commissariat.

A chaque problème, sa piétonnisation ?

A ses côtés, Béatrice Vessiller, vice-présidente à l’Urbanisme, promet plus de nettoiement des rues. Des urinoirs seront installés, place Raspail et rue Basse Combalot, ainsi que des toilettes mixtes sur les berges. Comme attendu, plusieurs actions sont menées sur la voirie et l’urbanisme. A chaque problème, sa piétonnisation ? C’est en tout cas l’option retenue pour la partie nord de la rue de Marseille, ainsi que pour la rue Paul-Bert, entre la place Gabriel-Péri et l’avenue Maréchal de Saxe. Les stationnements situés au sud de l’avenue Gambetta (entre la place Raspail et la rue de Marseille) seront supprimés pour élargir les trottoirs et végétaliser. Dans le sens est/ouest, l‘avenue Gambetta accueillera un axe cyclable (Réseau express vélo). Comme envisagé, la station de tramway devrait bien être déplacée côté 3e, cours de la Liberté, mais seulement un des deux arrêts. Avec un impact (négatif) sur la chaussée automobile.

Démolition future du petit Clip

S’agissant d’urbanisme, la collectivité promet de se battre contre l’habitat indigne, y compris par des expropriations. Deux adresses seront rénovées (11 rue Paul Bert, 12 rue Moncey),dévolue au logement social ou abordable. Quid de la démolition du petit Clip, « une verrue urbaine », selon Béatrice Vessiller ? Il en coûterait 19 millions en acquisition et démolition, a précisé l’élue. Le scénario est privilégié. Mais reporté à après 2026. D’ici là, la concertation continue…

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