5 ans après

Publié le 15/06/2021

« Part-Dieu : tout ce qui va changer en 5 ans”. C’était la couverture de notre premier numéro, en avril 2016. Le quartier d’affaires était alors en ébullition avec le lancement de tous les projets dont on aperçoit aujourd’hui les grues : les tours To-Lyon et Silex ², la gare et la nouvelle voie L, la place Charles-Béraudier, le centre commercial… Gérard Collomb, qui n’était pas encore ministre, accaparait tous les pouvoirs, au service, notamment, de l’attractivité du territoire.

Vitrine de son ambition : la Part-Dieu et son projet de skyline. Si le quartier avait réussi dans les années 1970 et 1980 à émanciper Lyon de la tutelle écrasante de Paris (Crayon, gare TGV, 1er centre commercial d’Europe), il allait cette fois la hisser dans le top 15 européen. En quelques années, Oxygène et Incity sont sorties de terre, l’architecte de renom Dominique Perrault fut invité à donner un nouveau signal. Jouait à plein le partenariat privé-public. Le maire se muait en super-VRP pour aller chercher des entreprises afin de remplir ses projets. À l’échelle de l’agglomération, l’immobilier tertiaire battait record sur record, dépassant même Barcelone. La Métropole – première de France – rayonnait par-delà les frontières hexagonales.

La nouvelle Part-Dieu, tout ce qui va changer”. Cinq ans après, la bascule est très nette. Aux manettes, les écologistes impulsent un nouveau cap. N’avait-on pas un peu oublié les habitants ? C’est Charles Delfante, urbaniste en chef sous Louis Pradel, qui le disait : il manque ici un sourire au visage des gens rencontrés. L’attractivité économique ne sera plus érigée en dogme, l’immobilier de bureaux ne sera plus un impératif ; un moratoire sur les tours est même décrété. Les entreprises sont invitées à prospecter ailleurs, dans l’agglomération ou en dehors, selon une vision multipolaire davantage affirmée. La Part-Dieu n’est plus perçue comme le pôle tertiaire de la métropole mais comme un quartier mixte que l’on veut à taille humaine, où il faut développer de l’habitat. Priorité est donnée à la qualité de vie, au milieu d’un environnement malmené au fil des époques, minéral, automobile, dense. Dans un secteur particulièrement desservi par les transports en commun (TER, métro, trams…), deux projets routiers sont abandonnés. Un gâchis ? L’îlot de Milan, cerclé par des bâtiments d’activité et les voies ferrées, où une densité tertiaire aurait pu continuer à s’exprimer. Une bonne idée ? Deux grands espaces verts, prévus à l’ouest des voies ferrées, qui donneront un peu de fraîcheur et de respiration au quartier. Gageons même qu’ils lui conféreront un surcroît d’attractivité…

Entre 2016 et 2021, changement d’élus, changement de paradigme, changement d’époque. Nous, nous sommes toujours là, témoins de ces débats passionnants. Le succès de Nouveau Lyon est la preuve que ces sujets intéressent un très large public. Comment pourrait-il en être autrement alors qu’il est question de notre cadre de vie ? “L’urbanisme est le nom pompeux que l’on donne à la voirie”, disait Édouard Herriot. Nous aurons, je crois, démontré le contraire, par la variété des thèmes abordés : transition énergétique, mixité sociale, densité urbaine, nouvelles mobilités, qualité de l’air, prévention situationnelle, rôle de la culture dans l’espace public, place des fragiles dans les villes… En cinq ans, le magazine a fédéré une communauté de lecteurs. Communauté constituée de professionnels – architectes, promoteurs, investisseurs, maires et élus, entreprises de BTP, assistance à maîtrise d’ouvrage, avocats, notaires… – autant que de Lyonnais passionnés par les projets, curieux de l’évolution de leur cité. Pour cet anniversaire, toute l’équipe remercie ces lecteurs, réguliers ou occasionnels, nos abonnés, nos partenaires et annonceurs qui nous ont accompagnés durant cette belle aventure. Dans les mois qui viennent, nous continuerons à être, bien sûr, ce média de réflexion urbaine. Nous allons aussi développer de nouveaux projets. Rendez-vous dans cinq ans…

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