ZFE : l’interdiction du diesel divise la majorité
Publié le 16/03/2021
La montée en puissance de la zone à faibles émissions, poussée par le nouvel exécutif métropolitain, ne fait pas du tout l’unanimité auprès des élus du Grand Lyon. Jusqu’à être contestée par les Insoumis et les communistes.
Après de premières divisions sur l’Arena de l’OL, la majorité métropolitaine a affronté de nouvelles divergences sur la montée en charge de zone à faibles émissions (ZFE). Le dispositif poussé par l’exécutif vise à interdire les véhicules diesel d’ici à 2026 en cœur d’agglomération, et proscrire dès l’an prochain les Crit’Air 5 et non classés (c’est-à-dire les diesels immatriculés avant le 31 décembre 2000 et les essences immatriculés avant le 1er janvier 1997). Une concertation va se lancer. Comme l’a expliqué ce lundi en conseil métropolitain Jean-Charles Kohlhaas, vice-président en charge des Déplacements, plusieurs périmètres seront sans doute définis, avec des exigences différentes. L’interdiction du diésel ne concernera, sans doute, que le noyau central. « Il reste à construire toutes les marches jusqu’en 2026 », a expliqué l’élu. Une volonté d’ouverture qui n’a pas suffi.
Madame Z infirmière à la Croix-Rousse
« Zone à haute exclusion », s’est écrié Philippe Cochet, maire de Caluire. « Zone de forte exclusion », a renchéri David Kimelfeld. « Nous ne pouvons accepter une mesure qui frappera les plus modestes sans accompagnement », a poursuivi l’ex-président du Grand Lyon. Il a pris l’exemple de « madame Z », infirmière à l’hôpital de la Croix-Rousse habitant à Trévoux et qui prend son service à 6h. Elle a acheté une Clio 2 diesel immatriculée en 2000 d’occasion pour 1500 euros sur leboncoin.fr, soit à peu près son salaire hors prime. « Dans neuf mois, elle ne pourra plus entrer à Lyon », a-t-il tonné. Et aucun bus ne circule pour lui permettre d’arriver à l’heure au travail. Ont été aussi convoqués Madame X agent d’entretien dans un collège équipée d’une Scenic ; monsieur T ouvrier dans le bâtiment roulant dans un Dacia diesel. « Des exclus de votre politique », a-t-il accusé.
« Une violence de plus » pour les Insoumis
Ces oppositions étaient plus ou moins attendues. Celles de la majorité l’étaient moins. « Pour beaucoup de nos concitoyens, cette délibération sera vécue comme une violence de plus », a asséné Laurent Legendre (les Insoumis). « Le nombre de véhicules concernés est colossal ; rien que sur le territoire de la métropole, on parle de 75% du parc existant à changer ou à abandonner d’ici à 2026 ». Il a demandé à ce que le calendrier soit soumis à concertation – ce qui revient à contester la date butoir de 2026. Son groupe s’est abstenu, tout comme celui des communistes. Pierre-Alain Millet, provocateur, a vanté « les énormes progrès du diesel ». « La sortie du moteur thermique est probablement une impasse », a-t-il lancé. Lui promeut l’hybride. A-t-il cherché à relativiser les enjeux ? Toujours est-il que l’élu vénissian a comparé les quelques mois d’espérance de vie perdus à cause de la pollution aux années en moins des ouvriers, usés par leurs conditions de travail. « Il n’est pas possible de se trouver dans une situation où une dizaine de milliers d’habitants se trouvent interdits de véhicules », a-t-il grondé.
Des aides financières
Jean-Charles Kohlhaas s’est employé à leur répondre. « Oui il existe des véhicules propres populaires, a-t-il martelé. Un véhicule Dacia GPL coûte moins cher qu’un véhicule Dacia diesel. Et tous les essences 2011 sont Crit’Air 1 ». Il a tenu à relativiser l’effort de 2022 : les Crit’Air 5 et non classés sont moins de 20 000 en 2021 et « sans doute moins de 10 000 en 2022 ». Il a promis « un accompagnement » pouvant prendre la forme d’ « aides financières », pour le Retrofit (soit le changement de motorisation de véhicules) ou pour l’acquisition d’un véhicule plus propre. Des dérogations seront accordées, probablement pour les personnes travaillant de nuit. Il a enfin fait valoir qu’un tiers des foyers de l’agglomération ne disposaient pas de véhicules.
Malgré ces fractures, un amendement a été retenu, qui prévoit « des solutions financières permettant de faciliter l’acquisition de véhicules moins polluants pour les propriétaires de véhicules Crit’Air 5 ou non classés ne bénéficiant pas d’alternatives pour leurs déplacements quotidiens, sous conditions de ressources », solutions qui devront être connues trois mois avant la mise en vigueur de l’interdiction. Un autre point concerne les Crit’Air 3 et 4. Christophe Geourjon (UDI) a estimé que « les citoyens ayant acheté ces véhicules ces derniers mois doivent pouvoir les amortir en 2024 et 2025 ». « Un sujet intéressant », a reconnu Jean-Charles Kohlhaas. La délibération a finalement été adoptée par 77 voix pour, 50 contre et 20 abstentions.
Commentaires
Commentaires sur ZFE : l’interdiction du diesel divise la majorité
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Article « ZFE : l’interdiction du diesel divise la majorité ».
Au troisième paragraphe, « l’élu vénissian provocateur » évoqué, n’est ce pas plutôt Pierre Alain MILLET (que P.A. Muet ? ) -
Jean-Charles Kohlhaas ne roule lui même pas en véhicules propres populaires! Qu’il se l’applique à lui même le maoïste !
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Les sympathisants des khmers roulent-ils tous en véhicules autorisés ZFE ?
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77 pour 50+20 opposés. Bobo à voter !
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Le mesures ZFE sont particulièrement sectaires, sélectives, élitistes. Les Khmers quoi !
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