« Les gens vont vouloir se déplacer autrement »

Publié le 21/04/2020

David Kimelfeld, président de la Métropole, lance un « plan d’urbanisme tactique » pour favoriser les déplacements à vélo et à pieds au moment du déconfinement. Il défend aussi les différentes mesures d’urgence prise par le Grand Lyon.

Le conseil métropolitain de jeudi va entériner des mesures d’urgence. Quels en sont les principaux axes ?

Il y en a trois. Le premier consiste à soulager la trésorerie des entreprises et des acteurs associatifs. C’est l’urgence, sinon beaucoup vont mourir à la fin avril. Ensuite, il y a des mesures sectorielles – je pense au tourisme, à l’événementiel. Enfin le 3e axe est la solidarité. Par exemple l’accompagnement des plus fragiles, des étudiants, le soutien à la Croix-Rousse ou Notre-Dame des sans-abris.

Le monde du BTP est inquiet. Quelles sont les aides qui leur sont destinées ?

On a accéléré les délais de règlement de l’ensemble des fournisseurs de la Métropole. On est passé de 24 ou 25 jours à 17. On a ainsi réinjecté 55 millions en règlements dès la première semaine de confinement. On a interrompu toutes les pénalités de retard pour les délais d’exécution. On a repris 100% de l’activité sur l’instruction des documents d’urbanisme, par exemple 400 déclarations d’intention d’aliéner. Nous allons mettre en place la dématérialisation des documents d’urbanisme. Et j’ai demandé à la fédération du BTP d’étudier une participation de la Métropole au surcoût généré par les contraintes sanitaires à la reprise des chantiers. On regarde par exemple une exonération pour l’occupation de l’espace public des matériels et cabanes.

Pensez-vous que les gros chantiers (métro B, Confluence, Part-Dieu…) vont bientôt reprendre ?

Oui je le pense. On travaille sur l’élaboration d’un protocole métropolitain pour relancer les chantiers et protéger les salariés. On essaie de travailler avec les communes. Les maires subissent la pression de riverains sur les nuisances des chantiers. Pour y répondre, certaines municipalités ont adopté des contraintes d’horaires. Les gens sont tendus du fait du confinement, mais il faut reprendre les travaux. D’ailleurs la Métropole a remis l’eau et l’électricité sur les chantiers.

Le monde de l’immobilier attend une relance des permis de construire qui étaient déjà en berne avant la crise sanitaire. Une mobilisation de la Métropole et des communes est-elle à l’étude ?

On a commencé à avoir cette discussion avec la conférence territoriale des maires. On ne peut pas se permettre d’attendre. Il faut prendre nos responsabilités.

Quel geste attendez-vous de la part des bailleurs sociaux ?

La Métropole a décidé l’exonération totale des loyers sur son patrimoine. 700 à 750 entités en bénéficient, dont 400 à 450 entreprises. On demande la même chose aux bailleurs. La Serl l’a déjà décidé. On leur demande aussi de travailler sur les impayés pour améliorer l’accompagnement des locataires.

Comment obtenir la prime métropolitaine de 1000 euros ?

C’est une aide qui est versée automatiquement, sans démarche à accomplir. On a demandé à l’Etat leur base de données de bénéficiaires de l’aide de 1500 euros maximum (fonds de solidarité, ndlr). Dès lors qu’ils ont obtenu cette aide de l’Etat, ils auront une prime additionnelle et forfaitaire de 1000 euros par mois de la Métropole pendant la période de confinement.

Vous dites penser à une autre aide. Quels en seraient les bénéficiaires ?

On est en train de travailler dessus avec le comité métropolitain de relance qui associe les élus de toutes sensibilités, les acteurs économiques et des représentants du monde associatif et culturel. Ce seront des mesures post-confinement.

Quel sera le coût de toutes ces mesures pour la Métropole ?

Nous votons jeudi un plan d’urgence de 100 millions d’euros.

C’est beaucoup par rapport au budget ?

Notre capacité d’autofinancement est de 500 millions d’euros. Elle sera peut-être au final réduite de moitié. Donc oui, c’est beaucoup.

Vous avez promis de mettre à disposition des masques. Quand et comment les habitants du Grand Lyon vont-ils les obtenir ?

Les commandes sont passées, en s’appuyant sur nos filières et les industries de la région. On a lancé en complément un site Internet « couturières solidaires ». La Métropole a envoyé le tissu et les élastiques. On s’est engagé sur deux millions de masques en tissu réutilisables. La livraison devrait se faire d’ici 15 jours à trois semaines. La distribution va se faire en lien avec les communes. Mais l’Etat pourrait sortir un arrêté pour réquisitionner l’ensemble des masques. Plusieurs initiatives vont se conjuguer avec l’Etat et la Région. On va travailler ensemble. L’important est que tout le monde soit équipé en masques. Je souhaite aussi installer dans l‘espace public, par exemple aux entrées des collèges et là où il y a des transports publics, des distributeurs de gel hydroalcoolique.

Vous voulez repenser les transports avant le déconfinement. Cela prendra la forme de pistes cyclables et élargissements de trottoirs provisoires ?

Les transports ne seront pas utilisés comme avant. Il faut favoriser les déplacements à pied et à vélos, leur donner plus de place à la faveur d’un plan d’urbanisme tactique. Car les gens vont vouloir se déplacer autrement pour ne pas être entassés dans les transports en commun, d’autant qu’il y aura des restrictions.

Quels changements plus pérennes imaginez-vous à la suite de cette crise sur l’urbanisme, les transports ou notre rapport au logement ?

Nous allons devoir repenser l’aménagement de la ville, la façon de penser nos logements et la manière de se déplacer, j’en ai la certitude. Le confinement nous aura poussé à percevoir différemment la manière dont on habite notre foyer.  Plusieurs propositions seront faites. Je pense notamment à l’urbanisme tactique, qui est un outil intéressant pour favoriser les modes doux et respecter les règles sanitaires.

 

 

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