Prix de l’immobilier : « un trou d’air pendant l’été »

Publié le 20/04/2020

Nicolas Bouscasse est président de la FNAIM Rhône. 

Quelle est la situation actuelle des professionnels immobiliers ? Certains travaillent-ils encore ?
Il y a un rattrapage des actes qui n’ont pas pu être signés jusqu’à l’arrêté du 4 avril et qui vont continuer pendant les trois prochaines semaines. Mais l’activité de transaction en elle-même est stoppée puisque les visites ne se font pas. Les visites 3D, on en fait, mais c’est seulement une première approche. Personne ne va acheter un bien en ayant simplement fait une visite depuis son ordinateur. Les services location sont à la peine mais nous avons des demandes. Par contre les administrateurs de biens et les syndics de copropriété sont à pied d’œuvre afin de continuer à de répondre à leur clients.

Comment voyez-vous la reprise ?
On ne sait pas si les masques seront obligatoires. Aujourd’hui, tout le monde le pense. Nous réfléchissons, à la Fédération, à équiper nos adhérents (agents immobiliers et administrateurs de biens) ainsi que leurs salariés, de gants, masques, visières et gel. Je vais le faire à ma régie (régie Bouscasse, ndlr). En tant que patron, je dois protéger mes salariés. Au niveau national, on travaille sur des process sanitaires post-confinement avec des fascicules propres à chaque activité, délivrés avant le 11 mai. Mais pour l’instant, nous manquons d’informations. Est-ce que les assemblées générales seront autorisées et avec combien de personnes ? Faudra-t-il que les personnes de plus de 65 ans donnent systématiquement leurs pouvoirs ? Pour la location, comment va se passer la mise à disposition des logements ? Le risque étant d’entrer dans des appartements dont le locataire avait eu le Covid-19… Un laps de temps de deux ou trois jours avant  emménagement parait nécessaire.

Vous croyez à une reprise dès le 11 mai ?
On va un peu tatonner… Mais les agents, nous serons au travail dès le 11 mai, au service des Français, pour les loger. J’ai fait une location il y a deux jours en prenant toutes les précautions. On a des appels de personnes qui réfléchissent. Il y a des besoins. Celui qui est muté au 1 er juillet sur Lyon, il devra bien trouver à se loger.

Quels vont être les effets de la crise sanitaire sur les taux et les prix ?
Les taux augmentent. Les banques augmentent leurs marges, ce qui est justifié par la hausse du risque. Ce n’est pas un faux argument. Mais cela dépend encore beaucoup des établissements. Les banques centrales vont intervenir pour limiter cette augmentation de taux car ce serait une difficulté supplémentaire pour la reprise.

Et quels effets sur les prix voyez-vous venir ?
On a une économie, sur la métropole, qui est très saine, très attractive. Et le cadre de vie est très agréable. Ce qui amène 15 000 habitants de plus chaque année. Avant, on avait une offre pour dix demandes. Demain, on aura peut-être une offre pour 3 ou 4 demandes. Ce n’est pas ce que j’appelle une crise immobilière ! Il serait hasardeux de parler d’un effondrement des prix à Lyon. On est dans une grande métropole européenne – ce qu’elle n’était pas il y a vingt ans. Cela ne va pas changer avec le Covid-19. Il y aura peut-être un trou d’air pendant l’été et on va se ressaisir. A l’extérieur de la métropole, on s’attend à un marché plus compliqué.

Vous vous attendez malgré tout à une petite baisse des prix sur le Grand Lyon ?
Le président de la Chambre des notaires a anticipé une baisse entre 10 et 15%. Moi je vois quelques points de baisse. Mais je n’imagine pas les prix dégringoler de 20%.

Pensez-vous que la demande va évoluer ? On entend que les gens vont vouloir habiter à la campagne…
Oui, c’est certain. Ceux qui étaient en train de réfléchir à changer de domicile vont peut-être modifier leur demande après le Covid. Cela va donner un coup de fouet aux appartements avec terrasse et balcon. La maison individuelle en proche couronne métropolitaine va être recherchée. Mais pas trop loin car le coût des transports est important.

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