Tony Garnier s’invite dans la campagne électorale
Publié le 18/12/2019
Un appel a été lancé « contre l’effacement de l’œuvre et pour la cohérence de l’action » concernant le patrimoine de l’architecte.
Force est de le constater, « il existe un décalage entre la reconnaissance, internationale notamment, de Tony Garnier et la faiblesse de la protection de ses œuvres« , constate l’historien des formes urbaines Pierre Gras, à l’origine – avec sa consoeur Anne-Sophie Clémençon – d’un appel a été lancé « contre l’effacement de son œuvre et pour la cohérence de l’action » à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de l’architecte lyonnais.
A leurs yeux, tout ce qu’il reste de ce patrimoine est menacé, à l’exception du monument aux morts du parc de la Tête d’Or qui a été entretenu et restauré. « Le mépris total de l’œuvre et l’absence de plan d’ensemble est inquiétant« , avoue Anne-Sophie Clémençon. En cause, la transformation du stade de Gerland ces dernières décennies, la destruction de certains pavillons à l’hôpital Edouard-Herriot ou les menaces qui planent sur la piscine de Gerland aux dires des deux historiens.
Leur appel s’est traduit, en cette période de campagne électorale, par quatre questions aux candidats aux municipales. Il est demandé : une étude patrimoniale indépendante, un moratoire sur toute démolition dans l’attente de son résultat, l’application des préconisations de l’étude et le lancement d’une candidature au patrimoine mondial de l’Unesco avec Boulogne-Billancourt dont Tony Garnier a réalisé l’hôtel-de-ville.
Le moratoire fait débat
EELV est d’accord avec les quatre points, soulignant le lien fort entre protection du patrimoine et transition écologique. Etienne Blanc souscrit à l’étude indépendante et au moratoire dans le but de faire de ce patrimoine un élément de rayonnement international (deux tiers des 20 000 visiteurs annuels du musée Tony-Garnier sont des étrangers). Le maire du 6e arrondissement, Pascal Blache, également soutien d’Etienne Blanc, évoque même l’idée de repenser les missions du parc de la Tête d’Or en lien avec ce patrimoine (monument aux morts et vacherie). Le duo demeure en attente d’un rendez-vous avec Georges Képénékian. Tandis que la maire du 3e arrondissement, Catherine Panassier, également présidente de Grand Lyon Habitat, propriétaire de la cité des Etats-Unis, et soutien de David Kimelfeld se dit « très favorable au respect et à la mise en valeur de de ce patrimoine (…) sans bloquer sa mise aux normes de confort actuel ni contraindre les bailleurs à des dépenses sans s’assurer que le surcoût lié à la valorisation de ce patrimoine soit assuré par l’Etat« .
De son côté, l’adjoint lyonnais au patrimoine Jean-Dominique Durand, soutien de Gérard Collomb, est pour une étude mais contre un moratoire car selon lui « il n’appartient pas à la Ville de Lyon de geler un permis de construire en cours d’instruction, dont la délivrance ou le refus sont strictement encadrés par la loi« . En ligne de mire notamment dans l’immédiat le devenir de la piscine de Gerland.
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