© Ossip van Duivenbode

La rédécouverte de la marche en ville

Publié le 05/07/2017

La librairie Archipel met à l’honneur le piéton dans la ville, avec une exposition photos sur les expériences originales menées aux quatre coins du globe.

Mode de transport le plus naturel et le plus fréquent en ville, la marche est en quelque sorte redécouverte dans les grandes métropoles, tant celles-ci s’étaient offertes à l’automobile et, plus récemment, aux transports en commun. C’est l’objet de l’exposition « la ville en marchant », montée par la librairie Archipel, qui compare les expériences originales menées partout dans le monde. Soulignant aussi les tendances de fond.

Le voyage qui s’effectue en images commence par s’intéresser aux contraintes topographiques, la traversée d’un fleuve ou la gravitation d’une pente, qui compliquent de prime abord les modes doux, mais qui valorisent aussi les paysages urbains. Ainsi les villes se sont-elles (re)tournées vers l’eau : des reconversions d’emprises portuaires ont été engagées dès les années 60 aux Etats-Unis comme à Baltimore et Boston puis en Europe dans les années 80 : Liverpool, Rotterdam, Amsterdam, Gênes, Barcelone… Un mouvement que Lyon a adopté entre 2004 et 2014 avec la reconquête des berges du Rhône puis des rives de Saône. En revanche, notre agglomération n’a pas emboité le pas des autres villes quant à la question du relief – hormis ses deux funiculaires du Vieux-Lyon. Des solutions plus modernes ont été imaginées ailleurs, comme le grand escalator de Tolède, le métrocable de Funchal, les ascenseurs de Lisbonne, le téléphérique de Brest ou celui de Medellin qui relie notamment un secteur défavorisé.

Dès la fin des années 80, les villes allemandes, suisses ou néérlandaises entreprennent de se détoxifier de la voiture. En France, Grenoble, Strasbourg, Nantes et Lyon ont montré la voie, « en avance sur Paris », en promouvant notamment le tramway. En réalité, la tendance était amorcée avant, avec la création, dans la plupart des villes, de centres piétonniers, comme la rue de la République à Lyon. Isoler les différents modes ne va cependant plus de soi, notamment parce dans les faits, les citadins ont recours à plusieurs modes de déplacement. Le piéton est aussi un automobiliste et un usager des transports en commun. « Deux tendances contraires s’affirment dans le monde : l’effacement et le renforcement des limites, comme par des pistes cyclables complètement séparées. Mais pour certains chercheurs, cela renforce les conflits d’usages, car on fait moins attention à l’autre », observe Valérie Disdier, directrice d’Archipel. Des expériences tendent à valoriser le partage de l’espace public et la cohabitation des modes de déplacement, par exemple par les zones 30. Les grands axes routiers sont domptés, comme la rue Garibaldi à Lyon ou la Skyline de Seoul, une autoroute devenue même un jardin botanique suspendu.

« Plus l’espace public est vivant, plus les possibilités d’activités culturelles et sociales y sont nombreuses, plus nous sommes incités à nous déplacer à pied », relève l’exposition. Les villes ont rivalisé d’imaginations pour ponctuer les espaces publics d’activités pérennes ou événementielles qui se pratiquent à pied. L’agglomération lyonnaise propose la Fête des Lumières ou le défilé de la Biennale de la Danse, mais aussi les œuvres d’art permanentes le long de la Saône. Le Vieux-Port de Marseille accueille un plafond miroir spectaculaire, l’Ombrière de Norman Foster. 2017 sera la 12e édition du park(ing) day : des artistes viennent transformer des places de stationnements par des animations ludiques, sportives, végétales ou culturelles. Une manifestation visant à sensibiliser au partage de la voirie.

L’exposition s’attarde enfin sur le « shopping loisir, du souk au marché, de quartiers entiers de boutiques et de restaurants, de centres commerciaux sʼinspirant – pour les plus récents – du modèle des marchés traditionnels, sortes de morceaux de villes couvertes et chauffées ». C’est le cas de l’Encants Market de Barcelone, ouvert et en même temps protégé des intempéries. Le Market Hall de Rotterdam, inauguré en 2014, dispose de logements situés au-dessus.

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Centre De Culture Urbaine

21 place des Terreaux 69001 Lyon www.archipel-cdcu.fr

Exposition du 20 juin au 24 septembre 2017

Visiter en marchant

En résonance avec lʼexposition, la librairie Archipel a édité des plans de visites pédestres, gratuites et disponibles sur demande. Ils proposent des parcours variés, empruntant ponts, passerelles et traboules, à la découverte d’architectures remarquables. Une invitation à abandonner sa voiture ? Chaque itinéraire se fait au départ d’un parking LPA. Au total six points de départs avec trois voire quatre marches possibles pour chacun d’eux.

Par exemple depuis le parking du Gros Caillou,  prendre la montée Saint-Sébastien, aller jusquʼà la Cour des Voraces au 9 de la place Colbert (5ʼ), « trabouler » jusquʼau 29 rue Imbert-Colomès (3ʼ), prendre les escaliers de la rue Pouteau, au 30 de la rue Burdeau « trabouler » jusquʼau 19 rue René Leynaud (3ʼ), au 14 rue René Leynaud « trabouler » jusquʼau 13 rue des Capucins, au 22 rue des Capucins « trabouler » jusquʼau 5 rue Coustou, rejoindre la Rue Romarin pour arriver Place des Terreaux (5ʼ).

 

Commentaires

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Commentaires sur La rédécouverte de la marche en ville

  • A BADDEAU dit :

    La photo du haut montre semble t’il une ville asiatique. A Lyon toute proportion gardée, on en est revenu des passerelles et autres passage en hauteur. Pour preuve, construit dans les années 70, ils sont aujourd’hui presque tous détruits.