Performance énergétique des bâtiments: « le marché n’est pas mature »

Publié le 02/07/2016

 

Depuis 2014, Sylvain Braine préside le cluster Eco-Energies qui fêtera ses dix ans à la rentrée. Le cofondateur de la société Indea constate que les entreprises du secteur croient en l’avenir de l’éco-rénovation et sentent un intérêt grandissant du public mais que le marché peine à décoller.

 

Il suffira d’une étincelle… L’éco-rénovation, c’est un peu comme dans la chanson. Il manque un petit quelque chose (mais quoi ?) pour que le marché devienne pérenne. Né de la volonté politique de la Région Rhône-Alpes pour développer la filière, le cluster Eco-Energies a joué les pionniers en France à partir de 2006. A tel point qu’il fait toujours aujourd’hui référence. « Le Plan bâtiment durable (missionné par les ministères de l’Environnement et du Logement, ndlr), issu du Grenelle du bâtiment, nous sollicite régulièrement, explique Sylvain Braine, le président du cluster. Nous travaillons aussi à l’international avec la Suisse, le Maroc ou la Belgique pour échanger des bonnes pratiques. Après dix ans d’existence, on constate qu’il y a beaucoup d’initiatives individuelles pour lesquelles on joue à la fois le rôle de fédérateur et de facilitateur. Nous sommes l’agitateur qui, avec les ingrédients, compose la recette ».

Concrètement, le cluster Eco-Energies accompagne la plupart des 23 plateformes de rénovation énergétique existantes ou en gestation en Rhône-Alpes, à Lyon, Grenoble, Anemasse, dans la Loire, la Drôme ou l’Ardèche. Il s’agit de guichets uniques pour accompagner les particuliers désireux d’éco-rénover leur logement. « Les professionnels ont travaillé pour proposer une offre en matière de rénovation énergétique. Nous, nous aidons les plateformes à créer une convention avec une entreprise comprenant un cahier des charges, une charte, etc. Il s’agit de trouver le juste équilibre entre la qualité, légitime, et le trop-plein de contraintes qui risquent de décourager les entreprise de postuler », note Sylvain Braine.

Promouvoir des groupements permanents

En amont, le cluster a travaillé à constituer de tels groupements permanents d’entreprises. « Nous estimons qu’il faut effectuer de la rénovation globale. D’où l’intérêt pour les entreprises de se grouper. Seul, un artisan ne peut pas répondre à la demande d’une copropriété et s’il commence ainsi à se couper de marchés, il n’y arrive plus financièrement. Le cluster a donc initié la démarche des groupements à partir de 2008-2009. On a été les premiers à promouvoir des groupements permanents. Le fait d’essuyer les plâtres nous a aussi montré ce qu’il ne fallait pas faire. Au début, on a beaucoup accompagné les entreprises sur l’aspect juridique. Or, il ne faut pas oublier le côté humain dans un tel regroupement ».

Les plateformes passent aujourd’hui par le cluster pour valider les réponses des groupements. Tout est donc en place pour faire face à la demande… sauf que Sylvain Braine a aujourd’hui le sentiment que « le marché n’est pas mature ». C’est-à-dire qu’on est dans cet entre-deux délicat où les entreprises sont prêtes, elles croient en l’avenir de la performance énergétique et voient un intérêt grandissant du public pour ces questions mais… le marché ne décolle pas et les chantiers se font attendre. Les craintes de voir les entreprises se retrouver en difficulté sont toutefois moins présentes qu’il y a deux ou trois ans. Ce qui est attendu c’est le bouche-à-oreille qui suit les rénovations et l’effet boule de neige qui doit s’ensuivre.

Vulgariser l’éco-rénovation

Que manque-t-il alors ? « Il existe aujourd’hui 16 outils financiers mais il faudrait encore travailler sur le financement, explique le président du cluster. Il faut aussi que nous aidions les entreprises à mieux se vendre. Les groupements en sont conscients. Dès qu’ils en auront les moyens, certains veulent recruter une personne qui vulgarise l’éco-rénovation pour capter l’attention des particuliers et leur « vendre ». La loi Alur (Accès au logement et à un urbanisme rénové) oblige déjà à réaliser des audits énergétiques, ce qui va dans le bon sens. Nous allons effectuer des prescriptions afin d’aider les acheteurs publics à caractériser leur demande. Nous organiserons aussi l’an prochain des journées thématiques à l’intention des professionnels, les syndics notamment, pour lesquelles nous allons réfléchir à pouvoir inclure des particuliers ».

Face à la question récurrente du surcoût, Sylvain Braine rappelle que « le matériau est plus cher, pas la main d’oeuvre ». Avec les économies d’énergies générées « on s’y retrouve dans les sept à dix ans ». Le délai est même plus court dans les copropriétés où il paraît aujourd’hui indispensable d’étudier cette question dès qu’une rénovation est envisagée. « Nous ne devons de notre côté pas uniquement réfléchir en technicien mais aussi penser à l’habitant car au-delà du coût, on s’y retrouve immédiatement en terme de confort, de santé et de durabilité du logement. C’est aussi une manière de valoriser un bien ».

A.B.

Une filière entière représentée

Le cluster Eco-Energies compte 200 adhérents dont 160 entreprises. Ce n’est évidemment qu’une petite partie des acteurs du secteur dans la Région. Toutefois, des architectes aux banques et aux assurances qui s’intéressent au financement de l’éco-rénovation, en passant par les bureaux d’études, les formateurs, les distributeurs, les fabricants et les énergiticiens, le cluster représente une filière complète. Ce qui n’a pas d’équivalent. L’essentiel des adhérents est tout de même composé d’architectes et de bureaux d’études. Ce sont évidemment beaucoup de TPE, la majorité comptant moins de cinq salariés.

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