Une « sensibilité » d’Outre-Manche sur la Confluence
Publié le 30/06/2016
L’architecte anglais David Chipperfield a été désigné cet après-midi comme chef de file de la conception des îlots A1 et A2 nord situés entre les historiques HBM (habitations bon marché), la rue Casimir Perrier, le quai Perrache et l’Hôtel de Région.
L’exercice est pour le moins original. Et à plus d’un titre. Il s’agissait ce jeudi de déterminer un chef de file qui va assurer la coordination de l’ensemble de la conception de deux îlots – soit 27 000 m2 – de la Zac 2 de la Confluence. Chef de file car si le lauréat, l’architecte anglais David Chipperfield, va réaliser 30 à 40% du total, il chapotera deux autres équipes d’architectes qui s’occuperont du reste. « Une idée de travail en commun très originale », a souligné le vainqueur à l’issue de trois heures d’audition.
Ca c’était la règle posée dès le départ. Là où le résultat a été plus surprenant, c’est que l’un des candidats malheureux – le Portugais Manuel Aires Mateus – a manifestement assez plu au jury pour être d’ores et déjà retenu comme architecte de 40% du volume des lots. La troisième équipe associée au projet ne sera connue qu’à la rentrée. Il s’agira « d’un architecte lyonnais », a précisé Gérard Collomb.
Départagés sur des intentions
Autre originalité, la construction de ce programme mixte alliant logements, bureaux et commerces a d’ores et déjà été confiée à Bouygues Immobilier qui est donc l’opérateur. Surtout, il s’inscrit dans le projet urbain d’ensemble de la Zac 2 conçu par l’agence Herzog & de Meuron qui coordonne donc le tout. C’est-à-dire que les postulants savaient dès le départ que les 27 000 m2 des îlots A1 et A2 comporteraient 12 bâtiments.
David Chipperfield y voit « un plan d’occupation des sols fort et intelligent. On nous demande souvent des bâtiments autonomes et singuliers. Là, c’est intégré en harmonie avec le tissu urbain. On ne doit donc pas concevoir des monuments mais un complément de tissu urbain ».
Mais comment a-t-on départagé les prétendants, alors ? « Sur l’intention et non sur l’esquisse », a expliqué Gérard Collomb. Le troisième architecte en lice, l’Espagnol Emilio Tunon, avait manifestement beaucoup dessiné. Si ce n’était pas le but de ce concours, ses esquisses ont été assez séduisantes pour que le maire de Lyon lui promette publiquement qu’il sera retenu plus tard pour un autre projet dans la ville, rappelant au passage « la pénurie d’offre de logements et de bureaux » que connait Lyon.
Triple enjeu pour deux îlots
C’est donc « un sentiment d’admiration » qui a déterminé le choix, selon Gérard Collomb. Son adjoint à l’urbanisme, Michel Le Faou, expliquant plus tard que c’est à la fois « la sensibilité par rapport à la ville, aux circulations à l’intérieur et au côté développement durable, ainsi que la capacité d’organisation pour manager l’ensemble » qui ont fait pencher la balance.
Il faut dire que ces deux îlots portent un triple enjeu: la connexion avec la ville existante via les HBM, la mitoyenneté avec l’autoroute qui n’en sera bientôt plus une (donc la question de la réversibilité des usages pour intégrer cette nouvelle donnée) et le développement durable. Il s’agit en effet d’en faire un laboratoire d’innovations sur la production énergétique partagée entre îlots, l’autoconsommation, le traitement de l’eau et la qualité du logement. Eric Mazoyer, le directeur général de Bouygues Immobilier, espère même avec ce projet « avoir la capacité à porter une réflexion au niveau du gouvernement » sur cette question et ses implications au niveau de la loi.
Toujours est-il que les douze mois qui viennent devraient être consacrés aux « workshop » pour un dépôt des permis de construire à la rentrée 2017.
A.B.
Une agence multipolaireDavid Chipperfield, diplômé du Kingston Polytechnic et de l’Architectural association, a fondé son agence en 1984. Implantée à Londres, Berlin, Milan et Shanghai, elle compte aujourd’hui 250 collaborateurs issus de 15 pays et travaille en Europe, mais aussi aux Etats-Unis ou en Chine. Parmi ses réalisations de bâtiments culturels et publics, on peut citer le Musée de la Rivière et de l’Aviron (Henley on Thames), le plan directeur de l’Ile aux musées de Berlin et le Neues Museum de la capitale allemande, la Bibliothèque centrale de Des Moines (Iowa), le Nobel Center (Stockholm), le Museo Jumex (Mexico) ou l’Amorepacific Headquarters à Séoul. |
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