Musée des Confluences: retour à la terre
Publié le 04/04/2016
A l’occasion du XIIe congrès mondial sur les architectures de terre, qui se tient à Lyon du 11 au 14 juillet, l’établissement culturel accueille une grande exposition dédiée à ce matériau.
Les congrès de spécialistes, ça a du bon. A l’instar de celui consacré aux roses l’an dernier, Lyon sera cet été la capitale de la terre. Rien de moins. La ville accueille en effet du 11 au 14 juillet le XIIe congrès mondial sur les architectures de terre. Au-delà de la réception de quelque 800 experts venus de la planète entière, c’est l’occasion pour le grand public de découvrir ou de mieux comprendre un mode de construction millénaire. De la Muraille de Chine (pour partie) à Shibam au Yemen, la « Manhattan du désert », 15% du patrimoine mondial est en terre. La technique du pisé représente 80% du bâti ancien dans la région. A Lyon même, 20 000 bâtiments seraient construits ainsi. Le Musée Gadagne organise d’ailleurs des balades urbaines à la découverte de ce patrimoine dans le 5e arrondissement.
La physique du château de sable
Le Musée des Confluences profite de cette effervescence pour lancer un inventaire participatif des bâtiments en terre dans l’agglomération. Grâce à lui et à Ma Terre première, tout cela n’aura plus aucun secret pour vous. Le « nuage de cristal » abrite jusqu’au 17 juillet cette exposition initialement présentée en 2009 à la Cité des Sciences et de l’Industrie. Même les moins portés sur les questions scientifiques vont être passionnés par la « physique des grains ». Les textures, les couleurs, la taille des grains donc, mais surtout comment tout cela tient pour ériger une construction. A vous de pousser, de tourner, d’appuyer pour expérimenter et comprendre, démonstrations à l’appui.
Le sable est-il un fluide ou un solide ? Eh bien… entre les deux. Il « coule », dans un sablier par exemple, sans pour autant se mettre à niveau comme de l’eau. Par où passe la chaîne de force lorsque vous appuyez au sommet ? Voyez vous-même. Regarder également comment les grains fins se placent se placent entre les gros grains lorsque l’on verse de la terre. Résultat ? Moins il y a de vide et plus l’ensemble est solide. Impressionnant également de voir les grains de sable se répartir en fonction de leur taille et ne pas se mélanger. On en est pour le moment à la « physique du tas de sable ». Ajoutez de l’eau et vous passez à la « physique du château de sable ». Elle permet de coller les grains entre eux. Et c’est pour ça que ça tient… si l’on en met juste assez. Ni trop, ni trop peu. Vous pouvez également voir comment on passe du tas de terre au mur en terre. Et c’est comme ça qu’en Rhône-Alpes un million de bâtiments du patrimoine sont réalisés en pisé.
Piliers en béton d’argile
Le rétroviseur c’est bien mais la terre – dont l’étude des propriétés physiques et chimiques est somme toute assez récente – est aussi un matériau d’avenir. En témoignent ces piliers innovants en béton d’argile. Ils reviennent quatre fois moins cher que du pisé. Ils dégagent également beaucoup moins de CO2 que ceux en ciment. D’abord parce que la terre est une ressource locale nécessitant moins de transport mais aussi parce qu’elle ne contient pas de calcaire dont la calcination lors de la production libère du dioxyde de carbone. C’est donc un matériau écolo qui a de l’avenir par les temps qui courent. Pour être honnête, le béton d’argile est moins solide que le ciment mais ça suffit largement pour certaines parties. En plus, les quelques photographies de bâtiments en lice pour le Terra Award 2016 (prix international des architectures contemporaines en terre) qui sera remis le 14 juillet montre que ce retour à la terre a… du beau.
Alexandre Buisine
Ma Terre première jusqu’au 17 juillet au Musée des Confluences – museedesconfluences.fr
Balades urbaines – gadagne.musees.lyon.fr
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