Infrastructures : vers un abandon de l’A45

Publié le 01/02/2018

Le conseil d’orientation des infrastructures a remis son rapport ce jeudi. Il préconise un abandon de l’A45 Lyon/Saint-Etienne et la tenue d’un débat public pour résoudre le nœud ferroviaire lyonnais en 2019.

(MàJ à 11h15 le 02/02) Au printemps est annoncée la loi d’orientation sur les mobilités qui fixera les prochains gros investissements de transport. Quelque trois mois avant, le rapport du conseil d’orientation des infrastructures est sorti ce jeudi. Il déblaie le terrain et dessine les priorités du Gouvernement. Le document, détaillé, est la version 2 du rapport Mobilité 21 présidé par le même Philippe Duron en 2013. Comme dans cette précédente étude, plusieurs scénarios sont appréhendés, selon que l’Etat mobilise 48, 60 ou 80 milliards d’euros en vingt ans, ce qui constituerait respectivement un gain de 25%, 55% ou 100% de l’effort annuel d’investissement par rapport à la période 2012-2016. La première hypothèse « offre peu de marges de manœuvre pour répondre aux enjeux de décongestion des nœuds ferroviaires“, prévient cependant le rapport.

400 millions pour améliorer l’A47 et le rail

Dans ce travail, tous les grands projets sont passés au scanner. Et certains sortent en charpie, comme l’A45 Lyon/Saint-Etienne. Les rapporteurs rappellent les conclusions de la commission Mobilité 21,  tout à la fois « très réceptive » aux problèmes posés par Saint-Etienne et émettant « des réserves sérieuses sur la pertinence du projet d’autoroute“. « Le projet A45 continue de soulever de nombreuses interrogations dont celle de son arrivée sur l’agglomération lyonnaise où il risque d’aggraver la congestion déjà importante existante“, jugent les experts qui en appellent à une remise à plat. Ils avancent un budget de 400 millions d’euros pour améliorer l’existant, c’est-à-dire la liaison ferroviaire et l’A47, l’autoroute actuelle. Ce montant est le même que celui, prévu, de la participation de l’Etat à l’A45 (1,3 milliard au total). Ces réalisations sont souhaitées pour 2023-2032 dans les scénarios 2 et 3 et pour  2028-2037 dans le scénario 1 (le plus chiche). Le grand contournement autoroutier de Lyon est repoussé à l’après-2038.

Lyon devra se payer sa gare souterraine

Le conseil d’orientation des infrastructures s’est montré très volontariste à la résolution du nœud ferroviaire lyonnais, qui « joue un rôle majeur dans le fonctionnement de tout le réseau national“. Rappelant que 500 millions ont été débloqués entre 2015 et 2020 pour créer une voie supplémentaire à Part-Dieu et y ouvrir des accès sud au quais (via l’avenue Pompidou), ils souhaitent  la tenue d’un « débat public multimodal à l’échelle de l’aire urbaine de Lyon“ en 2019. Il aborderait tout à la fois la traversée ferroviaire de Lyon et le (petit) contournement autoroutier via l’A432 (qui dessert l’aéroport de Saint-Exupéry).

Mais les rapporteurs  préviennent : « la gare souterraine n’aurait pas vocation à être financée par le contribuable national“. Or selon les estimations de SNCF Réseau, l’adjonction de deux voies ferrées de surface entre Saint-Clair et la Guillotière couplée au passage à quatre voies entre Saint-Fons et Grenay coûterait 2,2 milliards d’euros, contre 3,7 milliards pour ces mêmes objectifs par une traversée nord-sud en souterrain (gare comprise). C’est donc 1,5 milliard d’euros que la collectivité devrait trouver pour s’offrir une insertion plus discrète.  Ce chantier est envisagé pour 2038 dans le scénario 1, 2028-2032 dans le scénario 2 et 2022-2027 dans le scénario 3. Le contournement ferroviaire lyonnais (CFAL) est repoussé à l’après-2038 dans les scénarios 1 et 2, et la période 2022-2027 dans le scénario 3. Enfin le projet de ligne grande vitesse Paris-Clermont Ferrand-Lyon est tout bonnement enterré.

Enfin  le conseil d’orientation des infrastructures malmène le projet Lyon-Turin en questionnant l’amélioration prévue des voies d’accès au tunnel (entre Grenay et Saint-Jean-de-Maurienne). « La démonstration n’a pas été faite de l’urgence d’engager ces aménagements dont les caractéristiques socio-économiques apparaissent à ce stade clairement défavorables », estiment les experts. Et d’inviter l’Etat à « analyser le moment venu avec précision les accroissements de trafics » dus à l’ouverture de l’ouvrage franco-italien. Philippe Duron et ses comparses n’imaginent pas de travaux à ces voies d’accès avant 2038. En revanche, ils préconisent la modernisation du tronçon Dijon-Ambérieu-Chambéry-Montmélian-Saint-Jean-de Maurienne de la ligne existante Dijon-Modane (700 millions sont nécessaires). des travaux qui soulageraient le nœud ferroviaire lyonnais.

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Les réactions :

David Kimelfeld, président de la Métropole de Lyon

« Concernant le Noeud ferroviaire lyonnais (NFL), nous nous réjouissons que le rapport du COI le considère comme d’intérêt national et conforte les engagements pris sur le sujet d’ici 2020 avec, notamment, la création de la voie L et la volonté d’organiser un débat public que j’appelle de mes vœux. Concernant le projet A45, le rapport du COI, en mettant en avant la nécessité de travailler les conditions d’arrivée de l’A45 dans l’agglomération, reprend les inquiétudes manifestées depuis longtemps par la Métropole de Lyon sur ce sujet. Concernant enfin le contournement autoroutier, le rapport confirme la nécessité des études menées par l’État pour choisir l’option ouest ou est pour le grand contournement et la nécessité de réduire les trafics en traversée de Lyon par la mise en place des solutions adaptées. »

Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne

« Les conclusions du Conseil d’orientation des infrastructures jugent nécessaire l’amélioration des liaisons entre Lyon et Saint-Etienne (…) il reconnait également que le projet d’A45 vise à améliorer l’accessibilité et l’attractivité de l’agglomération stéphanoise (…) avant d’indiquer qu’une poursuite des études est indispensable. Or celles-ci ont déjà toutes eu lieu (…) L’intérêt général impose la construction d’une véritable autoroute, fiable et performante, entre les deux premières agglomérations de la région Auvergne Rhône-Alpes. Cela a été démontré et acté au plus haut niveau de l’Etat : de la déclaration d’utilité publique (DUP) en juillet 2008 aux engagements successifs des présidents de la République, Nicolas Sarkozy et François Hollande (…) C’est la raison pour laquelle je regrette les réserves indiquées par cette commission, même si ses conclusions n’ont aucun caractère prescriptif. Il n’est pas acceptable que les 400 000 habitants de la Métropole stéphanoise et l’ensemble du monde économique de notre région, soient de manière permanente, les otages  de calculs politiciens des opposants au projet, ennemis de l’intérêt général et du développement de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Aujourd’hui, il ne manque que la signature du ministre des Transports, pour que le chantier puisse commencer. Je reste plus que jamais vigilant, et demande au gouvernement de respecter les engagements de l’Etat et le principe de continuité républicaine ».
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