L’Hôtel-Dieu par le menu

Publié le 04/01/2017

Alors que les grues s’activent depuis des mois au sein de l’édifice en vue d’une nouvelle métamorphose, un très bel ouvrage retrace les différentes formes prises par le « refuge pour les indigents » du XIIe siècle à nos jours. En creux c’est également une évolution de la ville que l’on distingue à travers les très riches illustrations rassemblées.

Ne prenez pas peur face à ce pavé de 256 pages. Malgré l’érudition sans bornes dont fait montre Didier Repellin dès qu’il parle de l’Hôtel-Dieu, l’ouvrage se lit facilement. Avec les historiennes de l’art Frédérique Bergeret-Malotaux et Ombline d’Aboville, l’architecte en chef des monuments historiques s’attache à retracer les évolutions architecturales de l’édifice durant près de mille ans tout en laissant une large place à l’illustration. Et c’est certainement là que réside la grande richesse de l’ouvrage: l’exhumation d’archives tout à fait remarquables.

Un plan de Lyon de 1572, un autre de 1550, un troisième de 1548 superbe avec ses rues et ses maisons en perspective (tout comme celui de Simon Maupin en 1635), l’entrée du pont du Rhône, des plans de coupe pour des extensions qui ont été réalisées… ou pas, des photos du XIXe: il s’agit d’une plongée tout à fait saisissante dans le passé de l’Hôtel-Dieu et de la ville. Sans oublier les occupants du « refuge pour les indigents »: des soeurs hospitalières aux étudiants en médecine et leurs (grands) professeurs en passant par les malades évidemment et les recteurs de l’hôpital. Figure même dans l’ouvrage la lettre de radiation du médecin François Rabelais.

Mille détails saisis

L’édifice lyonnais est également mis en perspective avec des vues de ses confrères milanais, florentin, parisien, beaunois ou tonnerrois.

Pour marquer le passage de cette histoire médicale (quasi) millénaire au futur Grand Hôtel-Dieu en devenir, le photographe Ferrante Ferranti a posé sur les murs actuels un regard acéré avec des perspectives inédites (vue de l’intérieur et d’en haut), renversantes (le grand dôme) ou s’attachant à la qualité de mille détails (boiseries, charpentes, ferronnerie, sculpture d’un pilier, d’un escalier ou d’un habillage d’ouverture) qui font l’ensemble harmonieux et monumental qu’on ne se lasse pas de (re)découvrir.

A.B.

Le Grand Hôtel-Dieu de Lyon, Editions Libel, 256 pages, 35 euros.

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