Forum Smart Cities: un Collomb très urbain

Publié le 21/05/2016

A l’occasion de la journée de débats organisée par Le Monde à l’hôtel-de-ville, le maire de Lyon a échangé avec la sociologue Saskia Sassen sur la place des villes dans le monde actuel et… le « modèle lyonnais ».

 

Le discours est déjà connu. Il avait servi de trame à la mise en place de la Métropole: dans la mondialisation, l’activité économique s’exerce entre les villes et non entre les Etats comme auparavant. Et ce, malgré internet. C’est le fameux « effet cafétéria » vanté par Gérard Collomb. Celui qui fait que les chercheurs ont toujours besoin de se rencontrer et d’échanger pour avancer, le travail en labo n’étant pas suffisant. « La force intellectuelle se trouve donc dans ces villes globales, véritables plateformes de développement », ajoute le maire de Lyon qui explique avoir eu à coeur, dès 2001, de positionner l’agglomération dans cette compétition mondiale.

Mais que l’on n’objecte pas à Gérard Collomb que le développement de la Métropole lyonnaise se fait au détriment d’autres territoires. « La croissance est plus importante dans le Nord-Isère ou la Côtière de l’Ain qu’ici. Les territoires qui ont des difficultés en France ce sont ceux qui n’ont pas de ville à proximité ».

Un problème et une chance pour l’environnement

Reste évidemment la question environnementale. Les villes sont à la fois le coeur du problème en tant qu’émetteurs de pollution « et notre chance avec ses forces intellectuelles. On est en train d’inventer de nouveaux modes de transport, par exemple des « trains de voitures » roulant sans assistance humaine dont chacune se « débranche » pour tourner dans la bonne rue. Pour les bâtiments écologiques aussi, nous n’en sommes qu’au début. Il y a également les smartphones qui sont en train d’intégrer de la biologie… Je suis assez optimiste pour l’avenir de l’humanité. Une écologie de plaisir est en train d’émerger », professe le maire de Lyon, adversaire connu de l’écologie punitive. « Les choses avancent au niveau des villes, mais ce n’est pas suffisant », tempère toutefois la sociologue Saskia Sassen, professeure à l’université Columbia.

Tout à son credo, le maire vante évidemment le « modèle lyonnais ». « On a inventé Vélo’v et les gens se sont naturellement mis au vélo parce qu’ils trouvaient cela attractif pas parce qu’on le leur a imposé. C’est pareil avec les voitures électriques en libre-service Bluely. Grâce à elles on va à terme acheter moins de voitures. La ville intelligente c’est à la fois de l’innovation et la facilité d’utilisation pour le vivre en ville car on n’est pas tous des geeks ».

Les investisseurs qui se bousculent

Gérard Collomb met également en avant les transports en commun lyonnais qui relient  les communes de l’agglomération à la ville-centre « et favorisent ainsi les rencontres. Le samedi après-midi des gens très différents se côtoient à Lyon. Cette politique de mixité a été rendue possible car une stratégie a été élaborée au niveau de l’agglomération, contrairement à la région parisienne où il n’y a pas de centre de décision unique ».

Un climat général qui, selon le maire de Lyon, favorise les investissements. « Avant, des promoteurs montaient des projets avant de trouver des investisseurs puis des locataires. Aujourd’hui, les investisseurs viennent directement nous voir pour nous dire qu’ils souhaiteraient investir à Lyon car s’il n’y trouvent pas forcément de hausses spectaculaires, ils peuvent compter sur la stabilité du marché ».

A.B.

A l’issue du forum la start-up lyonnaise Forcity a reçu le Grand Prix de l’innovation urbaine. Elle a développé une plateforme interactive en 3D destinée à aider les acteurs urbains, et notamment les collectivités, à procéder à leurs choix d’aménagement grâce à la modélisation, qui permet de mesurer à des échelles allant de 1 an à 10 ou 20 ans les répercussions de leurs choix sur les systèmes urbains.